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LES TOURNÉES 


RUGBY D'AMITIÉ


Il n'y a pas d'étrangers dans le monde du Rugby, seulement des amis qui ne sont pas encore rencontrés. Je ne sais plus ou je ne sais pas, quel penseur ou philosophe et même s'il y en a un qui a avancé cette pensée, mais ce que je sais, c'est qu'elle correspond parfaitement à ce qu'il est convenu d'appeler le Rugby d'anciens ou "Golden Oldies".


Si nous prenons comme postulat que l'amitié est la caractéristique la plus élémentaire du Rugby, et plus particulièrement du Rugby d'anciens, alors vient la nécessité de se faire de nouveaux amis et donc de provoquer des rencontres ayant une justification rugbystique; et dans ce cas, notre découverte des "Golden Oldies" nous a permis de nous rendre compte, qu'au travers de cette organisation, nous allions nous faire beaucoup d'amis sur tous les continents, en allant à la rencontre des grandes nations du Rugby, que tout jeune rugbyman depuis sa première paire de crampons, rêve de rencontrer. Qu'on en juge : Australie, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud, Canada, Argentine. Bien sûr, nous avions auparavant voyagé en Ecosse et en Irlande, deux nations frères et sympathiques, et soigneusement évité la perfide Albion, mais rien ne laissait prévoir à l'origine l'intense bonheur que nous avons connu à voyager aux antipodes de notre petit hexagone, à la rencontre de ces mythiques partenaires que sont les merveilleux joueurs de Rugby de ces pays à forte tradition ovale.


Mai 1990. Perth, Australie.


11 ans déjà que nous avons débuté notre périple en tout bien tout honneur par l'Australie, sans trop savoir où nous allions, sans faire trop de bruit, presque sur la pointe des pieds, mais quelle tonitruante surprise ce fut de se trouver en pleine parade sur le bord de la rivière Swan qui traverse Perth, nous les petits Cissous Boys Français, au milieu de 5 à 6 000 anciens déguisés et vêtus de toutes les couleurs de l'arc en ciel. C'était féerique, formidable, ça ressemblait à nos rêves, mais en plus grand, et nous sommes tout d'un coup devenus complètement "accros". Nous le sommes toujours.


Bien sûr, en bon latins que nous sommes, nous n'avons pas tardé à nous faire remarquer à tout prix, d'autant plus que nous étions la seule équipe française, et avons défilé au milieu des autres équipes en chantant notre meilleur répertoire de chansons paillardes, et on en connaît, à l'étonnement de nos hôtes qui n'avaient jamais vu ça, et à la grande fureur de Mr l'attaché d'Ambassade français qui s'en étranglait de honte, en constatant que l'on venait en 3 minutes de saccager une réputation difficilement acquise, et celle du Quai d'Orsay, par la même occasion.


Que dire du tournoi proprement dit ? Je sens que je vais manquer de superlatifs, car ce fut réellement une découverte. Oubliée la championnite des tournois français de l'UFAR, et la recherche du Bouclier à tout prix. Ici, tout était amitié, camaraderie, rigolade, mouvement du ballon, tout à l'offensive, tout à la main, et à la gorge aussi, car nous allions, là, découvrir, oui découvrir, sa majesté la "Bière": les containers remplis de canettes et de glace, à proximité immédiate, absolument immédiate des lignes de touche, de peur sans doute de risquer une déshydratation pour un des 6 000 invités. Ca ne risquait rien!


Il y eut ensuite des réceptions, faramineuses, extraordinaires, fantastiques, vous voyez que je vais manquer de superlatifs, mais c'est pourtant la stricte vérité. Qui n'a pas vu ou tenté d'approcher les 50 ou 60 buffets chargés de toute la nourriture et boisson de la terre entière sur les 5 ou 6 étages du casino de Perth, et l'ambiance fantastique qui régnait au milieu de cette population de trognes sympathiques ? C'est curieux comme on leur trouve de trognes sympathiques, après le match, un verre de bière à la main, à toutes ces vieilles ganaches que tu trouves patibulaires mais presque, avant le match, c'est le mystère du Rugby.


Si je continue comme ça, la place va manquer, mais je ne peux résister au plaisir de raconter au mois une anecdote, ou même deux, qui sont devenues la chanson de geste des Cissous : notre rencontre dans un restaurant chinois avec les Neo Zélandais de Keith qui nous avaient élégamment offert du beaujolais pour nous consoler de ne je sais quelle prétendue défaite de notre équipe nationale, et que nous avons "torché" au Cognac pour leur prouver qu'on ne nous provoque pas impunément, et qu'il y avait des risques à se moquer de nous. Tout ceci à la grande joie de la vieille patronne chinoise et de tout le personnel aux yeux bridés qui se croyaient au cinéma! Il y eut aussi une sombre histoire de champagne commandé par un triste sire, et mis sur le compte d'un gentil garçon, mais bref, j'ai oublié de noter les noms!


Je ne peux tout de même pas passer sous silence ce qui a depuis cette tournée contribué d'une façon forte à l'excellente réputation de l'équipe des Cissous Boys dans les diverses compagnies aériennes du globe. Je veux parler de l'aide que nous apportons toujours d'une manière amicale et désintéressée au travail fastidieux de l'hôtesse d'expliquer les consignes de sécurité. Ah! Comme nous savons bien faire cliqueter les ceintures , agiter le panneau des sorties, souffler tous ensemble dans le gilet de sauvetage, et applaudir nos hôtesses, rougissantes, pour finir dans des quintes de rire, et pour certaines, en mouillant leur petite culotte. Si, si, on l'a vu, souvenez-vous de la KLM. Par contre, notre genre d'humour n'a pas l'air de plaire aux hôtesses d'Air France. Pas assez classe, peut-être ?


            




Septembre 95. Christchurch. Nouvelle Zélande.


Forts de notre expérience passée, cap sur la Nouvelle Zélande et ses volcans, la Nouvelle Zélande et ses moutons, la Nouvelle Zélande et ses Maoris, la Nouvelle Zélande et ses Blacks. Rien de cela n'est usurpé! il y a de magnifiques volcans comme ça, de magnifiques fougères comme ça, de magnifiques moutons comme ça, de magnifiques baleines comme ça. Non! Pas de baleines, on ne les a pas vues, mais on les a bien cherchées pourtant! Par contre, les Maoris, les Tongiens, les Fidjiens, là, on les vus, aussi hauts que larges, musculeux, sauvages. Formidables peuples faits pour la danse, le sport, le rugby, la bataille peut-être, sans doute, dans le passé. Toujours aussi vrais dans le Rugby, formidables joueurs ballon en main, toujours en mouvement, toujours au bon endroit pour faire vivre le ballon.


Christchurch. Nous avons découvert avec pas mal d'admiration, et peut-être de jalousie, une ville entièrement et uniquement dévouée à la cause du Rugby. Toute la ville était pavoisée aux couleurs des Golden Oldies. Dans tous les cafés, bars, bistrots (et il y en a), restaurants, hôtels, tout le personnel, filles et garçons, tous jeunes pour la plupart, étaient habillés des pieds à la tête en joueurs de Rugby, aux couleurs des différents Clubs de la ville. C'était fabuleux, irréel, et tenait vraiment chaud au cœur des anciens du ballon ovale. Tout ça dans une ambiance bon enfant, sportive en diable, malgré notre position un peu délicate en tant que Français. Notre Président de la République de l'époque, nouvellement élu (voyez qui je veux dire) n'avait trouvé rien de mieux que de faire "péter" une bombinette dans un atoll perdu, à proximité de là (5 000 Kms quand même) mais cela ne fait rien à l'affaire, d'où une certaine campagne de presse pas très agréable pour nos oreilles françaises. Eh bien, malgré ça, jamais durant tout le séjour, personne, absolument personne, ne nous en a fait grief. Quelle leçon de sportivité et d'élégance! A telle enseigne que les autorités locales craignant sans doute quelques débordements, nous avaient enjoint un garde du corps 24 heures sur 24, en la personne de John! Souvenez-vous de John. Quel personnage! Taillé en 2ème ligne, bien sûr, une bonne bouille, taillée à la hache, une vraie gueule d'incorruptible! Mais, comme de juste, nous avons vite trouvé le défaut de la cuirasse de John : le Rugby, la bière, la bière, le Rugby, la bière,... En fait, John ne nous a pas quittés d'une semelle pendant une semaine, de jour comme de nuit. Toujours là à surveiller, le verre de bière à la main, que personne ne songe à importuner un seul petit Cissou.


Je me souviens de John, le premier à apparaître au bar vers 9 heures du matin, le dernier à en repartir, vers 5 heures du matin après les chants, corridas, ou autres amusements habituels, avec le dernier Cissou insomniaque. C'est fou ce que le décalage horaire peut engendrer comme insomnies!


Magnifique tournoi de Christchurch où nous avons retrouvé l'équipe japonaise de Towaku F.C. et leur presque centenaire Président (93 ans à l'époque) jouant talonneur avec son short doré (Oldies) entre 2 piliers ne dépassant pas 1,52 m et pesant au total 133,5 Kg face aux 360 Kg bien tassés de John, Jacquot Laval, et Christian Hervera. C'était dantesque, avec en plus 10 cm d'eau sur le terrain. On était plus prés d'Holiday on Ice fondant que d'un match de Rugby. Sacrés Japonais ravis de nous revoir malgré la mauvaise manière que nous leur avions fait en Irlande en les torchant, eux au pastis bien tassé, et leurs épouse, au muscat de Frontignan lors du tournoi de Dublin, à tel point que l'on ne les vit plus à l'hôtel pendant 3 jours sans une vessie de glace sur la tête. Je ne dirai rien de leur saké, mais certains d'entre nous s'en souviennent.


C'est vrai qu'il pleut beaucoup au pays du grand nuage blanc et que des anecdotes il y en a et même beaucoup. Mais je ne peux résister à parler de celle de la soirée chez notre ami Keith qui nous reçut chez lui avec quelques joueurs de son équipe et d'autres d'une équipe sud africaine, et à qui on vidait littéralement sa cave, avant de se transporter dans un premier bar, puis un second par manque de liquide, ce qui nous amena fatalement au bout de la nuit, et où l'on finit par casser le Toyota, en l'occurrence un taxi collectif de 10 places qui ne put résister à la masse des Cissous, et qui rendit l'âme au milieu d'une côte alors que de l'intérieur un concert aux voies avinées beuglait "on a cassé le Toyota" repris sur l'air des lampions.


Je ne peux passer sous silence la dernière image, celle de John qui avait fini son service avec nous et qui, ayant troqué son "Jean" et son blouson de cuir pour un strict complet bleu marine, servait, ô ironie du sort, de garde du corps à la Princesse Anne d'Angleterre (celle qui ressemble à son cheval, vous savez) et qui tentait de se faire tout petit et invisible alors qu'on l'avait déjà repéré dans le cortège, et que 40 braillards l'applaudissaient chaleureusement, que la Princesse nous souriait toute confuse croyant que c'était pour elle. C'était très grand et nos âmes un tantinet républicaines étaient à la fête.


Enfin, retour habituel avec 30 heures d'avion à la clé, et aide inconditionnelle aux hôtesses du bord (voir plus haut).

La routine.


Juin 97. Vancouver. Canada.


Absent, je laisse la parole à notre ami François Rondi.


Le samedi 7 juin, une vingtaine de Cissous, dont 17 joueurs, s'envolaient pleins d'allant, de punch et de gaieté vers l'ouest canadien pour participer aux Golden Oldies et découvrir le rugby canadien que nous connaissions à travers la coupe du monde où il s'exprimait remarquablement.

Porte de l'Extrême-Orient, Vancouver nous accueillait pour une semaine qui nous a laissé un impérissable souvenir. Quelle ville! Imaginez une presqu'île inscrite entre océan, Rivière Fraser avec la montagne en toile de fond; une imposante oasis de verdure avec des arbres plus que centenaires, le Stanley Parck, oxygène de la ville; des pelouses où les gens s'ébattent, lisent, se reposent, des plages à perte de vue; une piste cyclable qui fait presque le tour de cette île singulière, où se rencontrent, se croisent des joggers, des cyclistes, des rollers, des marcheurs dans une grande décontraction, et en grande courtoisie; son quartier chinois, son port de commerce et de croisière; le tout baigné dans une lumière changeante selon les heures de la journée. Vancouver est une atmosphère, une ambiance où l'on se sent bien.

Après la réception classique du samedi soir où nous avons retrouvé de vieilles connaissances d'Australie, de Nouvelle Zélande, du Japon, et une équipe française d'Annemasse, les choses sérieuses ont commencé le dimanche matin par les traditionnels défilé et présentation des équipes. Le cadre, le stade de l'Université de Columbia. Toujours le même folklore, de la couleur, des déguisements, de la musique, de la gaieté. Sur le terrain, face aux tribunes qui nous accueillaient, les personnalités avec les Indiens de la tribu dominante de la région en grande tenue d'apparat, la police montée. Nous retrouvions les personnages de nos lectures de jeunesse. Après quelques discours de bienvenue, le vieux sachem a psalmodié d'une voix monocorde, mais oh combien prenante, une mélopée où il était question de la terre des ancêtres, de la nature, des oiseaux, du Grand Esprit, écoutée par la foule, jusque là bruyante, dans un silence quasi religieux : un grand moment d'émotion..

L'après-midi, premier match contre Les Crabes de Nouvelle Zélande. Belle rencontre, sérieuse, et victoire dans le strict respect des règles Golden.

Réception dans une patinoire, sans glace, où nous avons commencé à donner de la voix.

Nous avons joué le match du mardi contre une équipe de Maoris dans laquelle officiait un demi de mêlée d'une taille respectable, mais avec une prothèse en guise de jambe. L'esprit Golden et la bonne tenue des Cissous lui ont permis, malgré son handicap, de manier l'ovale… Belle partie des acteurs du match, nouvelle victoire, mais premiers bobos. Denis : côtes; Gilles : lombaires; Francis : mollet… Réception dans une inévitable patinoire et premier contact avec une équipe qui nous a invité à partager dans leur Club House la troisième mi-temps. Sur place, nous étions seuls. Etait-ce un piège ? Après quelques demis de bière, et environ une bonne demi-heure, une, puis deux, puis plusieurs équipes nous ont rejoints, et dans une ambiance de carnaval, samba, chants et bière, la fête a commencé. Nous avons mangé, à volonté, du saumon que chacun faisait griller. Cette mi-temps a été fort longue, et que de bières ingurgitées!!! Il fallait rentrer à l'hôtel distant d'une vingtaine de kilomètres. Nos amis canadiens ont trouvé la solution : ils nous ont entassé, qui allongés, qui assis, dans une bétaillère, dans une ambiance indescriptible, tellement ravis d'avoir été invités à fêter dignement ce qui a toujours fait le charme de notre sport.

La journée spéciale Golden Oldies avait pour cadre une petite fête foraine avec rodéo par des professionnels, et danses folkloriques qui nous rappelaient celles que nous voyons dans les westerns.

La dernière rencontre du tournoi nous laissa un souvenir mitigé. Le négatif, l'équipe américaine de Washington Poltrons qui étaient plus des joueurs de foot américains méconnaissant les règles des Golden que des amateurs de notre bon rugby où le résultat ne compte pas. Le positif, des joueurs canadiens qui, spontanément, nous ont sérieusement renforcé , d'abord par amitié, et aussi pour en découdre avec nos adversaires du jour; ensuite, le club qui nous recevait, le plus ancien de Vancouver, plus de cent ans d'âge, avec club house et terrains au milieu du Stanley Parck. Nous avons joué dans un site exceptionnel.

La réception au Club House Rugby, ensuite, sur le port de Vancouver, à leur base nautique, avec force bière et saumon. La chorale Cissous Boys a donné le ton, suivie par d'autres équipes qui nous ont damé le pion jusqu'à fort tard dans la soirée.

Le repas d'adieu s'est déroulé dans le stade fermé de 75 000 places du club de football américain de Vancouver. Environ 4 000 personnes étaient attablées sur le terrain, et le troc a, comme d'habitude, été à l'honneur.

Une nouveauté dans ce tournoi, la désignation à la fin de chaque match du meilleur joueur par équipe qui était mis à l'honneur lors des réceptions. Le plus sollicité des Cissous, Pierre Azais. Piaffant, virevoltant, délié, crocheteur, opiniâtre, mais souvent imprévu, il ne pouvait qu'être mondialement connu!

Le rugby canadien est amateur dans le plus pur esprit des fondamentaux : match, invitation et fiesta. Bravo.

Quelques uns sont rentrés à la fin du tournoi, les autres avec un programme concocté par l'ami Denis, ont pris le chemin, par l'ancienne route de l'or, des Rocheuses.

Quel spectacle grandiose, ses montagnes, ses glaciers, ses lacs aux couleurs changeantes, son immensité, sa propreté. Une très belle fin de voyage qui nous a fait côtoyer à l'état sauvage l'ours, le wapiti, les caravanes de mulets bâtés partant en montagne, …

Quinze jours qui sont passés si vite, ponctués par l'unité, la convivialité de toute l'équipe. Tous les soirs, nous avons dîné ensemble, et dans tous les restaurants, nous avons chanté et mis le feu…

Quelle ambiance et quels souvenirs!!!


François RONDI


Mai 99. Le Cap. Afrique du Sud.


Au bout de 3 ou 4 tournées de cet ordre, nous étions rodés et pensions ne plus connaître d'émotions. Or, au contraire, celle-ci a tenu largement ses promesses, car non seulement on allait rencontrer l'un des "big fives", c'est à dire les Springboks, mais également voir les vrais "big fives" à l'état sauvage: éléphant, lion, buffle, rhinocéros, hippopotame. Ce fut inoubliable pour beaucoup d'entre nous. Nous vîmes même des phoques, nous en parlerons plus loin.

Le tournoi nous apporta son lot habituel de retrouvailles avec nos vieux copains Yello Bellys australiens, Néo Zélandais, Ecossais, ou Japonais, mais nous permit de connaître 2 équipes argentines, celles de Cordoba et de Rivadavia qui partageaient notre hôtel avec les Italiens de Vérone. Je vous laisse deviner l'ambiance qui régnait au piano bar, tous les soirs, de minuit à 5 heures du matin, au fur et à mesure de la rentrée des insomniaques. C'est curieux comme il y en a, même quand il n'y a pas de décalage horaire!


Le Cap. Et sa magnifique montagne de la Table, ses vignobles à proximité, ses plages fantastiques, son mythique Cap de Bonne Espérance qu'il faut avoir gravi pour vraiment sentir que la planète est composée de 2 océans primitifs, à gauche l'océan indien, prémisse de l'océan pacifique, à droite l'océan atlantique, et entre les deux l'Asie et l'Amérique. Quel raccourci! et comment ne pas admirer le courage des navigateurs des XV et XVIème siècles s'élançant dans l'un ou l'autre de ces enfers.


Pour nous, ce ne fut pas l'enfer, bien au contraire, quoique certain match avec l'Africain du Sud tenait plus du combat des chefs que de l'aimable partie de campagne habituelle. Je n'en veux pour preuve que le match contre "Villiger" où l'ami Jean Crampe des Grands Gousiers de Langon venu en touriste avec ses amis dût me laisser ses clubs de golf pour cause de côtes cassées, ce qui l'empêcha peut-être de rire pendant une semaine, mais pas de goûter avec beaucoup de compétence, vu son état de vigneron bordelais, aux vins blancs et rouges locaux. Ce ne fut pas le seul, c'est entendu, et je ne cafterai pas bien sûr, mais j'ai repéré un certain nombre d'individus qui, sans vergogne aucune, liquidaient les bouteilles de blanc comme s'ils enfilaient des perles, noires bien entendu, perles noires, vous m'avez compris!


Paradoxalement, l'ambiance était très studieuse puisqu'il s'agissait de faire une étude comparative entre les vins du Cap et les vins du Languedoc et d'autres régions. Je ne me souviens pas d'ailleurs si l'on a terminé cette étude, enfin passons!


Le Cap et son inoubliable Water Front, lieu de tous les plaisirs et tentations, Water Front et ses inoubliables dîners à la lueur des étoiles sur les quais où les chœurs cissounesques répondaient à la musique zoulou, et l'immense rigolade lorsqu'il fut décidé de faire oeuvre publique en rafraîchissant les phoques qui peuplaient le dessous des quais, en leur pissant dessus tous les soirs. C'est la faute au vin blanc qui est très diurétique... Ah! Il fallait les voir se tourner et se retourner joyeusement en grognant de contentement. Ca, c'était un spectacle qui aurait mérité une médaille de la part des autorités locales.


Après quelques jours de ce régime, quelqu'un dont je tairais bien sûr le nom, mais qui se reconnaîtra sans doute, ayant avancé une réflexion du genre "avant, on n'était "rond" que le soir, maintenant, on est "rond" même le matin". Nous avons compris qu'il fallait changer quelque chose à nos comportements, et fort heureusement, les épouses de certains d'entre nous (les plus veinards) sont arrivées pour la soirée d'adieu des Oldies et la suite du voyage touristique.

Que croyez vous qu'il arriva ? Que tout cela allait cesser ? Que non! L'étude comparée des vins continua de plus belle avec ces nouvelles recrues, et il me souvient qu'au terme de la soirée d'adieu où, au milieu de 6 000 convives, dans une euphorie totale, nous avons transporté sur nos épaules, assis sur une chaise posée sur une table en forme de bouclier, notre ami Christian Parguel, le roi des petits fours, comme s'il s'était s'agi d'un grand chef gaulois, en chantant " ce n'est qu'un au revoir" repris en chœur par toute l'assistance. Ce fut une soirée remarquée et remarquable.

La soirée s'acheva comme d'habitude, c'est fou ce que l'on prend comme habitudes en tournée, au piano bar de l'hôtel, et où un certain joueur d'harmonica, parti chercher son instrument, ne fut retrouvé que le lendemain, errant dans les couloirs de l'hôtel, et cherchant désespérément la porte de sa chambre. Ce ne fut d'ailleurs pas le seul puisque la charmante épouse d'un membre éminent, mais sobre, de cette équipe, fut également retrouvée dormant debout contre la porte de sa chambre qu'elle n'avait pas eu le temps d'ouvrir. Le voyage, ça fatigue!Retour à l'historique



Avril-mai 2000. Amérique du Sud. Tournée tango samba.


Afin de fêter dignement l'an 2000, il fut décidé d'aller à la rencontre du dernier grand pays de Rugby que nous n'avions pas encore visité, en l'occurrence l'Argentine. Cette tournée a été grandement facilitée par les contacts que nous avions eu lors du tournoi du Cap avec les équipes argentines qui étaient grandement disposées à nous recevoir.


La philosophie de ce voyage était complètement différente des précédentes sorties en ce sens que n'ayant pas le support et la nécessité des Golden Oldies, les dates n'étaient pas fixées, d'où une certaine confusion dans le choix de celles-ci et de grandes difficultés à arranger tout le monde.


Bien sûr qu'il était tentant et racoleur pour l'an 2000 d'aller danser la samba à Rio et le tango à Buenos Aires, mais ça n'aurait pas du compter car, s'il ne s'agissait que de danser, cela aurait contrevenu à l'une de nos exigences d'un club d'anciens de Rugby : qu'il n'y ait pas de voyage sans Rugby, que ce soit sur le terrain pour ceux qui le peuvent en jouant, pour les autres en les supportant.


Cette condition étant remplie et sachant que l'Argentine a la passion du sport et particulièrement du Rugby, notamment dans certains milieux universitaires, nous nous sommes embarqués le cœur léger et l'envie de connaître de nouveaux horizons et de nouveaux amis.


Le voyage s'articulait en deux parties, la première, rugbystique, axée sur 3 villes, Córdoba, Rosario, Buenos Aires, la deuxième, plus touristique, sur 2 sites remarquables, les chutes d'Iguazu et la splendide baie de Rio de Janeiro. Les deux furent un énorme succès, chacune dans son genre.


Si en exergue de cet article, j'ai mis l'amitié comme une caractéristique essentielle du Rugby, l'amitié que nous ont porté les membres a été le point d'orgue des nombreuses tournées passées. Jamais, nous n'avions imaginé que les Argentins étaient si désireux de se montrer en toutes circonstances aussi amicaux, aussi nobles, aussi désintéressés, aussi attentifs à nous faire plaisir. Nous avons connu des moments d'intense émotion lorsque à Rosario ou à Buenos Aires, il nous a été demandé de chanter la Marseillaise. Non comme notre hymne national, mais comme leur chant révolutionnaire pour obtenir leur indépendance d'avec l'Espagne. Ce fut un moment magique et unique, car pour une fois, nous l'avons fort bien chanté.


Mais reprenons notre voyage. Nous sommes arrivés à Cordoba sous une pluie battante qui laissait mal augurer de la suite. Mais heureusement, signe, peut-être, de notre bonne étoile, nous ne la revîmes plus. 15 jours de soleil, un vrai bonheur!


Match intéressant et agréable, avec 50 Argentins sur la touche, piaffant de nous rencontrer, et sportivité maximum puisque seulement une vingtaine nous furent opposés. Formidable réception à leur club centenaire, avec guitares, tango et chansons. A l'heure du départ, déclaration d'amitié éternelle, embrassades, larmettes. Nous avions de nouveaux amis.


2ème étape : Rosario, 2ème ville du pays, sur le fleuve Parana. Belle ville, intéressante, et réception amicale comme il se doit, à l'arrivée, à leur club où les dames appelées familièrement "brujas" (sorcières) se le tiennent pour dit jusqu'à l'heure du tango, bien sûr.


Ah! J'allais oublier : découverte émue de l'asado, le rôti argentin. D'impressionnants morceaux de viande rôtis à la verticale, sur d'immenses brasiers , avec saucisses, "chipolines", beignets à la viande bien sûr, avec parfois un peu de salade, pas trop!


C'est un lieu commun de dire que le match fut agréable, mais c'est ainsi, avec toujours la horde de 50 joueurs sur la touche, attendant leur tour, et l'immixtion bénéfique dans notre team de 2 ou 3 "gauchos" que nous avions repéré, dont "el negro Mendez" qui ne devait plus nous quitter par la suite et devenir Cissou d'honneur. Nous étions sur le territoire du président de l'AUFAR, José-Emilio Madariaga Huc "El Pitti", d'origine mazamétaine, et dont l'ambition était de nous recevoir le plus dignement possible. Ce fut réussi. Grandissime soirée avec un pantagruélique asado, mais de poissons cette fois, avec une quantité impressionnante de "dorados", poissons du fleuve Parana, de 2 ou 3 kilos, coupés en deux et déposés sur des dizaines de mètre carrés de grils. Comparaison habituelle sur les qualités du vin jusqu'à tard dans la nuit, chants patriotiques, chœurs, tangos, guitares, et Claude Laval qui s'en va avec la guitare du chanteur en cadeau!


3ème étape : Buenos Aires. Après quelques 400 Kms de pampa, absolument et désespérément horizontale, sans beaucoup d'intérêt, mais avec sans doute du charme pour les mythiques "gauchos" du dimanche venus de Buenos-Aires.


Buenos-Aires. Ville électrique, éclectique, vivante, différente en chacun de ses quartiers. Nous sommes dans le berceau du tango : mouvement vertical d'un désir horizontal, comme dirait le poète. Il est omniprésent, dans les bars, dans la rue, dans les restaurants, dans les boites. Ca tangue de partout. Ce n'est pas le minable frotti-frotta de nos 20 ans, c'est bien autre chose que le tango chanté et dansé par les Argentins!


Là encore, leçon d'amitié, de noblesse, de charme, dans les discours, dans l'attitude, la prévenance de ces hôtes merveilleux. Un match dans un endroit idyllique au club des Régatos de Buenos-Aires. Une dizaine de terrains de rugby avec club-house adéquat et fleurs dans tous les coins. On se croirait à Bagatelle!


Par contre, notre valeureuse équipe avait déjà 2 matches dans ses vieilles jambes, et pas mal de sommeil en retard (voir insomnies); elle avait aussi laissé 1 ou 2 éclopés à chaque fois (voir Jean Claude Roman). La consommation en fut très rapide, la 2ème mi-temps ne comptant plus que la moitié de l'effectif. La 3ème fut carrément argentine. Un des rares rescapés, René Villeneuve, jouant de plus avec les Varba et manquant, oui manquant, le ballon de sa vie, lui qui fut sacré meilleur joueur de la tournée, ne nous contre dira pas.


Asado gigantesque, bière, vin blanc, chansons, guitare, tango, discours, que du classique argentin, amitiés indéfectibles, promesses de se revoir, embrassades, larmettes à la clé, tout le répertoire y passa.


Je voudrais simplement finir cette inoubliable tournée argentine par ne citation d'Hugo Alvarez Saez, l'hidalgo capitaine de Varba, qui me paraît résumer tout ce que nous apporte le Rugby :

"Nous devons savoir attraper la balle, avancer avec elle, et la redonner quand le moment sera venu, la vie étant l'exacte réplique du Rugby.

Nous devons savoir recevoir la vie, la vivre intensément, et la remettre à la fin. Je souhaite, bien sûr, que ce moment n'arrive jamais.

Mais quand nos corps ne répondront plus comme nous le voulons, que nos jambes n'avanceront plus, je souhaite que nous continuions à jouer en dehors du terrain, offrant dans chacun de nos gestes de la vie, tout ce qui signifie être un homme de Rugby, citoyen privilégié de la nation du Rugby". J'aimerai que cela reste notre devise. Ce serait bien!


Bien sûr, il y eut ensuite Iguazu et ses magnifiques, tonitruantes et bouillonnantes chutes, puis Rio la mythique, Rio l'ensorceleuse, Rio la fantastique, Rio du Copacabana où chaque passante est une ode au corps humain, et plus particulièrement féminin. Mais ça, c'est une autre histoire, un autre monde, loin, très loin de l'incomparable valeur humaine que nous ont dédié (brindé) nos amis argentins.



Pour faire comme d'habitude, je vais porter un toast (brindé).


A l'amitié, au Rugby, à la vie!


I para el muertito? Salud (intraduisible).


Michel PLANA

            


Barcelone 2000


Tandis que nos ainés, baroudeurs de l'ovale,

Défendaient nos couleurs au Sud de l'Amérique,

"Le fond du Bus", sevré, en manque de cavale,

S'aventurait, fringant, en tournée ibérique.


Pour un départ à l'aube, en face de Maguelonne,

Rassemblement des troupes et véhicules rangés,

Nous mettons cap au sud, direction Barcelone

Après le traditionnel retard de Gégé.


Notre première attaque sur la terre catalane

Fut déployée "plein chant", sur le flanc des Ramblas.

Dans un marché couvert, résonne encore l'organe

D'une Diva impériale en apéro-tapas.


Serrano, chippiron, calamares, vin blanc,

Cette préparation, d'un haut niveau physique,

Usa les organismes, nous laissant sur le flanc,

Emoussant quelque peu nos talents rugbystiques.


En fin d'après midi, il fallut donc jouer

Contre une équipe d'anciens, aux jambes de lévriers.

A notre première mi-temps, nous fûmes très secoués,

Du plomb dans les chaussures, comme des scaphandriers.


Pour niveler les valeurs, nous employâmes la ruse,

Débouchant le champagne en guise de citrons.

Nos hôtes l'apprécient, au point qu'ils en abusent,

Voilà nos fiers guerriers transformés en pochtrons!


Cet ajustement fait, nous reprenons le jeu

Pour une deuxième mi-temps au score plus honorable.

Nos avants ont souffert, se montrant courageux,

Quand un gros Maori leur tombait sur le râble.


Puis la troisième mi-temps fut à notre avantage.

Pour descendre les demis et finir en chansons

Notre joker Majau domina sans partage

Et les choeurs catalans reçurent une leçon.


Amis qui m'écoutez, vous n'allez pas le croire,

Le lendemain matin, loin de boire comme des ânes,

Nous reçûmes de Denis une leçon d'histoire,

En assistant, émus, au ballet des sardanes.



Le "Gastro-Culturel" ne fut pas galvaudé :

Restaurant y tapas dans le vieux Barcelone,

Serrano au plafond, suant dans des godets,

Parrillada au port et visite de Gérone.


Le bonheur du séjour fut pour tous incomplet

Orphelins dans nos coeurs, des absents au banquet...

Vous, Messieurs les anciens, écoutez s'il vous plaît,

Ne nous laissez plus seuls, vous nous avez manqué!



Paul De PARZIA