SOMMIERES : La terre et les débordements

Dans notre enfance, du temps où les machines à laver n'étaient que de simples lessiveuses, on savait s'acharner à la tâche, ....et sur les taches, en utilisant des produits naturels comme le silicate d'aluminium et de magnésium, encore appelé Montmorillonite ou plus connu sous le terme de Terre de Sommières.

Il fut un temps où le Vidourle venait lécher les remparts de Sommières dans l'un de ses débordements capricieux plus connus sous le terme de" Vidourlade".

L'équipe de rugby des vétérans de Sommières avait donc quitté sa terre en ce mardi 23 janvier 2024 pour se frotter (c'est vraiment le terme approprié...) au terrain synthétique Montpelliérain qui accueille les Cissous Boys toutes les semaines.

Si la Montmorillonite est réputée enlever les taches de gras, le terrain, ce soir-là, vous décapait l'épiderme, le derme, l'hypoderme mais laissait le gras en dessous, pour les quelques vétérans en surcharge pondérale ...  (si, si !  J'en connais quelques-uns !).

Les habitués savent protéger leurs genoux de quelque étoffe mais les visiteurs ont écopé de  pelades spectaculaires, et en particulier leur jeune 9 !  Celui là, à 28 ans, il aura  assimilé en une séance la notion d'ancien et de moderne et le refrain " c'était mieux avant ! "

En vétérans, le rugby pratiqué est plutôt celui de la passe, de l'évitement et du débordement.

En ce mardi soir de Janvier nos visiteurs venus en sous effectif (12 joueurs et donc prêt de 3 camarades Cissous bénévoles, Paul G, Teddy D et Franck M) ont préféré l'affrontement. La dernière Vidourlade de 2002 étant sans doute trop loin dans les esprits, rares furent les tentatives de quitter le lit du milieu de terrain pour arroser les berges, voir les crampons flirter avec la touche et les ailiers déborder les digues défensives. 

Leur jeune 9 s'y essaya bien mais fut rattrapé et littéralement écrabouillé par Armand.

La digue avait des cannes et tenait bon ce soir là.....

Le 1er Tiers Temps fut joué sur un rythme incroyable, au point de laisser penser au spectateur presbyte ou myope qu'il s'était trompé de terrain et assistait à un match de juniors.

Dès le début de la rencontre, un déboulé côté droit des Blancs (les CISSOUS), avec Hugo et Armand au relai, échoue de peu avant la ligne.

Sur la touche suivante, toujours côté droit, le ballon traverse tout le terrain en volant de mains en mains pour servir Nico L en position d'ailier côté G. Contre toute attente, notre Menhir nous fait un arrêt- retour intérieur au frein à main, digne d'un certain catalan moustachu, spécialiste du poste et de la figure de style ! 

"Putainggg, Papa, t'aurais dû exploser le mec d'en face ou plonger ...!" lui dira son fils ayant assisté à la scène du bord de touche.  A l'évidence Nico s'était égaré à cet endroit du terrain et manifestement ne maîtrise pas la subtilité du poste d'ailier. Fut-il pris de compassion pour le valeureux et inconscient Sommiérois qui lui faisait face? Nous ne le saurons sans doute jamais.

Sur une touche côté G, la balle est volleyée par les Blancs vers Régis A, l'inoxydable 9 de 74 printemps, toujours aussi adroit et vif ....Mais pas suffisamment pour éviter la charge, que dis je, le tampon, l'agression, l'attentat sur notre vétéran porteur du short rouge d'immunité !!! 

L'auteur de cet acte impardonnable en sera cité au Salabre. Après enquête, le dénommé Arnaud  n'est ni débile, ni Djihadiste, ni Daltonien ....Il ignorait la règle du short rouge, tout simplement et  reprenait juste la pratique du rugby. Pas assez joué en vétérans ce gars .......

Peu après, après une série de charges dans l'axe où se sont relayés Olivier, Hugo, Laurent et Bernard, le ballon échoue dans les mains de Jean Louis, positionné en 10. Le spécialiste en court métrages ou images bucoliques nous fit alors admirer sa maîtrise du son en appelant une croisée qu'il ne distribua jamais ! La défense adverse cède au chant des sirènes et glisse vers le leurre appelé, laissant l'espace ouvert pour une course de 30 m de Mr Dorcel et le 1er essai des Cissous .

Le même Jean Louis fut à l'origine d'une percée plein champ mais cette fois ci en version cinéma muet et fait jouer autour de lui. La balle parvient à Alex, qui joue 9 en lieu et place de Régis, quelque peu déstabilisé par son plaquage illicite, et qui transmet à Vincent venu de l'arrière où il évolue en 15.

Et là, nous avons tous compris que les pauvres Sommiérois ne pratiquent par l'espionnage vidéo ! S'ils avaient pris cette précaution, jamais ils n'auraient mordu à la feinte de passe de Vincent ! Mais voyons, notre " Fichet Bauche " préféré ne fait quasiment JAMAIS  de passe !

Il n'empêche que, sur l'action, le geste était parfaitement approprié, bien exécuté et permit aux Cissous de marquer leur 2ème essai. 

Le 2ème Tiers Temps 

La rentrée de Francky le Rouge au centre sera marquée par 2 plaquages vifs et secs en 20 secondes. De quoi refroidir les velléités adverses.

Sur un dégagement au pied des 22 m des Noirs (les Sommiérois), la balle est récupérée par Vincent qui fonce tout droit. Après un temps de jeu au sol, un déboulé des avants côté G aboutit au 3ème essai des Cissous.

Peu à peu, les noirs jouent mieux et enchaînent les temps de jeu entre avant et ¾, sans réussir à déborder la défense des blancs.

Un nouveau déboulé des avants blancs coté Dt voit notre ailier Cédric servi en position de débordement. Mais un certain manque de vitesse, peut être en lien avec une discrète protrusion abdominale, le fera rattraper par la patrouille adverse.
Partie remise puisque peu après, sur un regroupement à 5 m de l'en but et à 10 m de la touche coté Dt, Cédric est  à nouveau servi. Ayant un peu émoussé sa confiance quant à sa vélocité, il aurait pu marquer en misant sur son physique. 

Allez savoir ce qui lui passa par la tête ! Dans une volte face du corps, il nous escampe la gonfle vers l'intérieur, dans un plongeon digne d'un Gareth Edwards de la grand époque !

Cette action de classe lui vaudra une nomination au Salabre.

Les Noirs se rebiffent et sur une mêlée aux 50 m à G, un départ côté fermé en 89 verra le jeune 9 s'échapper et réussir à résister à la pointe de vitesse de Nico B pour marquer le 1 er essai des Sommiérois.

Le 3ème Tiers Temps

La fatigue se faisant sentir, le rythme commença à baisser.

Peut-être aussi le changement d'arbitre ?

Eric, au sifflet jusque-là, fut d'une tolérance et d'une myopie bienveillante pour les 2 équipes, ce qui permit des enchaînements de jeu délayés et spectaculaires.

Jérôme est plutôt du style rigoriste : " Ya des règles, y a des fautes et on les siffle ! "

C'est ainsi qu'en 2 minutes il sanctionna un en avant microscopique (visible seulement au laser), un plaquage haut au sternum (SVP revoir le cours d'anatomie sur le Thorax ...) et un plaqueur qui ne relâche pas sa proie assez vite (quand on en chope un, on le tient, Bordel !).

Cette rigueur aura pour conséquence un jeu haché et un tout premier râlage de Jean Louis, étonnamment discret jusqu'alors. Jérôme sera cité au Salabre pour cela ...... 

Aucun essai ne sera marqué dans ce tiers temps mais des faits de jeu seront remarqués.

Une combine, au centre, entre Jean Louis et Francky qui avait ouvert un boulevard à ce dernier, échoua lamentablement par un ballon dégueulé de Francky et une nomination au Salabre.

Une réception de dégagement par  Vincent au 23ème rebond permettra aux noirs de débouler plein champ et de planter un magnifique tampon à Juju servi par Vincent, pour une fois pas fâché de se débarrasser du ballon. Pour cette défausse malencontreuse, Vincent sera nominé au Salabre.

Enfin, pour clôturer le spectacle, Cédric, servi encore une fois en position de débordement, verra le ballon rebondir sur son abdomen, les 2 bras collés au corps et les 2 mains tendues, tel un palmipède sorti de la banquise. Putaingggg , il est pourtant né après la Thalidomide, de triste mémoire ! Il n'est pourtant pas atteint de phocomélie !

2 ème citation de Cédric au salabre et Nomination définitive après délibéré !

La réception au Club House

Soigneusement préparés par Daniel, dit Bocuse, et 2 acolytes (Alcooliques ...,?) dévoués Alain Bia et Philippe L, les mise en bouche et le repas furent un régal:

Une Mongétade de grande classe, gratinée de chapelure et de la bonne humeur, pimentée d'une chanson grivoise où tous les protagonistes du rugby, joueurs, arbitres, soigneurs et public sont cités.

La remise du Salabre à Cédric sera ovationnée et sa joie de se voir ainsi distingué n'était pas feinte.

Le mot de la fin reviendra au président des Sommiérois. Il souligna avec beaucoup de justesse la chance que nous avons de pouvoir partager un moment de jeu et de convivialité en réussissant l'exploit de réunir un jeune de 28 ans et un vétéran de 74 ans sur un même terrain.

Paul de Parzia